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Carte mentaleĂlargissez votre recherche dans UniversalisLe projet stalinienLe projet stalinien rappelle, Ă certains Ă©gards, celui de Pierre le Grand un projet volontariste de dĂ©veloppement accĂ©lĂ©rĂ© sans premier objectif fixĂ© par Staline et son groupe, Ă la fin des annĂ©es 1920, est de faire de l' une grande puissance industrielle et militaire. La Russie a toujours Ă©tĂ© battue Ă cause de son retard, expliqua Staline dans un discours cĂ©lĂšbre 4 fĂ©vrier 1931. Nous retardons de cinquante Ă cent ans sur les pays avancĂ©s. Nous devons parcourir cette distance en dix ans. Ou nous le ferons ou nous serons broyĂ©s. »D'oĂč tirer le capital indispensable au financement de cette industrialisation accĂ©lĂ©rĂ©e ? D'une surexploitation des ouvriers, dont le salaire rĂ©el baisse de moitiĂ© au cours du Ier plan quinquennal 1928-1933. De prĂ©lĂšvements massifs, Ă des prix dĂ©risoires, de la production agricole. L'exportation de produits agricoles financera l'achat, Ă l'Ă©tranger, de biens d'Ă©quipement et de technologies indispensables Ă l'industrialisation. Cette accumulation socialiste primitive » suppose, naturellement, que les mĂ©canismes du marchĂ©, qui fonctionnaient vaille que vaille sous la aient Ă©tĂ© au prĂ©alable cassĂ©s, et que les paysans aient Ă©tĂ© regroupĂ©s dans des par Staline comme un processus de transformation socialiste de l'agriculture », la collectivisation des campagnes, lancĂ©e au dĂ©but de 1930, prend l'allure d'une vĂ©ritable guerre antipaysanne, face Ă la rĂ©sistance du monde rural qui voit dans cette politique une tentative de rĂ©instaurer un second servage ». Plus de deux millions et demi de paysans dĂ©portĂ©s ; six millions de paysans morts de faim lors de la grande famine de 1932-1933, directement imputable Ă la dĂ©sorganisation du cycle productif consĂ©cutive Ă la collectivisation ainsi qu'aux prĂ©lĂšvements dĂ©mesurĂ©s sur les premiĂšres rĂ©coltes des kolkhozes ; des centaines de milliers de paysans morts en dĂ©portation ; des centaines de milliers arrĂȘtĂ©s et envoyĂ©s dans les camps de travail du Goulag â ces quelques chiffres donnent la mesure de cette guerre antipaysanne inavouĂ©e, Ă©voquĂ©e tout au plus comme une campagne visant Ă liquider les koulaks en tant que classe ». En quelques annĂ©es, la rĂ©sistance de la paysannerie est brisĂ©e la police politique recensa 13 700 Ă©meutes et manifestations de masse » en 1930, 2 800 en 1931, 2 400 en 1932, moins de 300 en 1933 ; le pourcentage des foyers collectivisĂ©s, sous la pression, dĂ©passe, en 1935, 90 p. 100. Cette annĂ©e-lĂ , l'Ătat prĂ©lĂšve directement plus de 45 p. 100 de la production agricole, soit proportionnellement trois fois plus qu'en 1928, malgrĂ© une baisse significative des productions de l'agriculture â 15 p. 100 et de l'Ă©levage â 40 p. 100.Cette extorsion de la production agricole, au prix de disettes et d'une grande famine, permet d'approvisionner Ă bas prix la population urbaine et contribue au succĂšs d'un certain modĂšle de dĂ©veloppement industriel, fondĂ© sur un trĂšs gros effort d'investissement rĂ©alisĂ© aux dĂ©pens de l'amĂ©lioration du niveau de vie de la population, et sur une course Ă la production obtenue Ă la suite d'une trĂšs forte pression productiviste Ă caractĂšre rĂ©pressif. PrioritĂ© absolue est accordĂ©e Ă l'exploitation de matiĂšres premiĂšres et de sources d'Ă©nergie, Ă la production de biens d'Ă©quipement plutĂŽt qu'Ă la production de biens de consommation. En dix ans, l' se dote d'une puissante industrie lourde et d'une industrie de guerre, qui contribueront de maniĂšre dĂ©cisive Ă la victoire militaire des armĂ©es soviĂ©tiques dans la deuxiĂšme phase 1943-1945 de la Seconde Guerre grande force de Staline est d'ĂȘtre parvenu Ă incarner, pour les communistes mais aussi pour de larges fractions de la sociĂ©tĂ© soviĂ©tique, une certaine idĂ©e de la modernisation d'un pays encore majoritairement paysan et agricole Ă la fin des annĂ©es 2 3 4 5 âŠpour nos abonnĂ©s, lâarticle se compose de 10 pagesAfficher les 7 mĂ©dias de l'articleĂcrit par directeur de recherche au CNRSClassificationHistoirePersonnages historiquesPersonnages historiques, 1920-1945HistoireHistoire chronologieHistoire, xxe s. et xxie et Europe de l'EstHistoireHistoire par rĂ©gions et paysHistoire de l'Europe centrale et orientaleRussie, histoireAutres rĂ©fĂ©rences STALINE JOSEPH VISSARIONOVITCH DJOUGACHVILI dit 1879-1953 » est Ă©galement traitĂ© dans LE JEUNE STALINE S. Sebag MontefioreĂcrit par Nicolas WERTH âą 1 090 motsAprĂšs le succĂšs mondial de Staline la cour du Tsar rouge, le journaliste britannique, romancier et prĂ©sentateur de tĂ©lĂ©vision Simon Sebag Montefiore s'est attaquĂ© Ă la jeunesse du futur dictateur dans Le Jeune Staline Calmann-LĂ©vy, Paris, 2008. DĂšs l'introduction, l'auteur annonce son parti pris de narrer par le menu la vie intime et secrĂšte » de [âŠ] Lire la suiteANTISĂMITISMEĂcrit par Esther BENBASSA âą 12 226 mots âą 9 mĂ©dias Dans le chapitre L'Europe de l'Est » [âŠ] AprĂšs la guerre, pour la premiĂšre fois de leur histoire en Europe de l'Est, des juifs accĂšdent au pouvoir politique. Dans ces rĂ©gions dĂ©truites par la guerre et sous domination soviĂ©tique, avec une partie importante de ses nouveaux cadres dirigeants issue de la rĂ©sistance juive, les conditions Ă©taient rĂ©unies pour nourrir largement l'antisĂ©mitisme populaire. L'opposition anticommuniste, encore rep [âŠ] Lire la suiteANTONOV-OVSEĂENKO VLADIMIR ALEXANDROVITCH 1884-1938Ăcrit par Claudie WEILL âą 418 mots Fils d'officier, Antonov-OvseĂŻenko entre Ă l'Ă©cole des cadets de Voroneje. Il quitte l'armĂ©e, adhĂšre dĂšs 1901 au mouvement rĂ©volutionnaire et se rapproche des mencheviks en 1903. Lors de la rĂ©volution de 1905, il est l'un des experts militaires de la social-dĂ©mocratie russe. Il essaye de soulever deux rĂ©giments d'infanterie en Pologne, mais Ă©choue. Il acquiert ainsi une expĂ©rience certaine de l'ag [âŠ] Lire la suiteBERIA LAVRENTI PAVLOVITCH 1899-1953Ăcrit par Georges HAUPT âą 273 mots Tout-puissant chef de la police soviĂ©tique, Lavrenti Pavlovitch Beria a Ă©tĂ© pendant de longues annĂ©es le bras droit de Staline. NĂ© en GĂ©orgie dans une famille de paysans, Beria adhĂšre au Parti communiste en 1917 Ă Bakou, oĂč il obtient son diplĂŽme d'architecte en 1919. En 1921, il entre dans la TchĂ©ka qui devient GuĂ©pĂ©ou l'annĂ©e suivante et travaille en TransbaĂŻkalie et en GĂ©orgie jusqu'en 1931 ; i [âŠ] Lire la suiteBLĂCHER VASSILI KONSTANTINOVITCH 1890-1938Ăcrit par Michel HOANG âą 786 mots Issu d'un milieu de paysans, BlĂŒcher, qui exerce de multiples petits mĂ©tiers, est emprisonnĂ© de 1910 Ă 1913, vraisemblablement pour incitation Ă la grĂšve. La Grande Guerre en fait un officier mobilisĂ© dans l'armĂ©e du front sud-ouest. HospitalisĂ© entre 1915 et 1916, il reprend bientĂŽt du service comme volontaire et commande un dĂ©tachement de gardes rouges dans la rĂ©gion de l'Oural. Faisant preuve d [âŠ] Lire la suiteBOLCHEVISMEĂcrit par Georges HAUPT âą 7 569 mots âą 7 mĂ©dias Dans le chapitre Le bolchevisme au pouvoir » [âŠ] La rĂ©volution de 1917 marqua le grand tournant de l'histoire du bolchevisme. Et d'abord, elle le fit connaĂźtre, aussi bien en Russie que dans le monde entier. Pour les masses populaires russes soulevĂ©es, le mot de bolchevisme prend la valeur d'un drapeau, d'un emblĂšme [...]. Au mot de bolchevisme » on associe une notion de force, au mot de menchevisme » une notion de faiblesse » Berdiaev. [âŠ] Lire la suiteBOUKHARINE NICOLAS IVANOVITCH 1888-1938Ăcrit par Pierre FRANK âą 1 673 mots âą 1 mĂ©dia Dans le chapitre Ă la droite du parti » [âŠ] Vers la fin de l'annĂ©e 1920, face aux difficultĂ©s nĂ©es notamment du problĂšme paysan, on assiste chez Boukharine au dĂ©but d'une Ă©volution. Ă cette Ă©poque aussi, il se prononce pour des mĂ©thodes de direction plus rigoureuses ; il appuie Trotski contre LĂ©nine dans la discussion sur la question syndicale il prĂ©conise entre autres une mobilisation pour la production », par l'intermĂ©diaire des synd [âŠ] Lire la suiteBOULGAKOV MIKHAĂL AFANASSIĂVITCH 1891-1940Ăcrit par Françoise FLAMANT âą 2 770 mots Dans le chapitre Une Ćuvre surveillĂ©e, censurĂ©e, ensevelie » [âŠ] NĂ© Ă Kiev, Boulgakov y mĂšne jusqu'en 1916 une vie non exempte de chagrins la mort de son pĂšre en 1907 et de soucis des amours contrariĂ©es, un premier mariage alors qu'il est encore Ă©tudiant, mais rĂ©trospectivement idĂ©alisĂ©e. Le cadre familial, provincial et cultivĂ©, de cette vie lui convient, ainsi que le rĂ©gime tsariste dont s'accommode fort bien l'intelligentsia enseignante et mĂ©dicale, d'or [âŠ] Lire la suiteCHINE, histoire, de 1949 Ă nos joursĂcrit par Jean-Philippe BĂJA, François GODEMENT âą 19 155 mots âą 14 mĂ©dias Dans le chapitre Mao Zedong Ă Moscou » [âŠ] SoviĂ©tiques et communistes chinois avaient un passĂ© chargĂ© Ă apurer. La lourdeur, et en mĂȘme temps les volte-face et les maladresses, de Staline et des bolcheviks dans la conduite des affaires chinoises de 1920 Ă 1929 aprĂšs cette date, ils perdirent tout contrĂŽle du Parti communiste chinois, les exigences diplomatiques de la construction du socialisme dans un seul pays » par l'Union soviĂ©tique [âŠ] Lire la suiteCHOSTAKOVITCH DMITRI 1906-1975Ăcrit par AndrĂ© LISCHKE âą 2 822 mots âą 1 mĂ©dia Dans le chapitre AprĂšs Staline » [âŠ] L'annĂ©e 1953 voit la disparition simultanĂ©e de Prokofiev et de Staline, morts tous deux le 5 mars. Elle est Ă©galement marquĂ©e par une des symphonies les plus importantes de Chostakovitch, la Symphonie n o 10 op. 93 ; son violent second mouvement Allegro serait une Ă©vocation de Staline, tandis que dans le suivant, Allegretto , apparaĂźt un motif de quatre notes â rĂ©, mi bĂ©mol, do, si â corre [âŠ] Lire la suiteVoir aussiCOLLECTIVISATIONDĂPORTATIONS & TRANSFĂREMENTS DE POPULATIONSFAMINESHISTOIRE ĂCONOMIQUEKOLKHOZPOLITIQUE ĂCONOMIQUEPOLITIQUE INDUSTRIELLERĂPRESSIONLes derniers Ă©vĂ©nements7 avril 2010 Russie â Pologne. CommĂ©moration des victimes de Katyn Le Premier ministre russe Vladimir Poutine et son homologue polonais Donald Tusk participent, dans la forĂȘt de Katyn, dans l'ouest de la Russie, Ă une cĂ©rĂ©monie commune sans prĂ©cĂ©dent organisĂ©e Ă l'occasion du soixante-dixiĂšme anniversaire de l'assassinat de vingt-deux mille officiers polonais par les SoviĂ©tiques, en ce mĂȘme lieu, sur ordre de Staline. [âŠ] Lire la suite16 juillet 2001 Russie â Chine. Signature d'un traitĂ© d'amitiĂ© et de coopĂ©ration Le prĂ©sident russe Vladimir Poutine et son homologue chinois Jiang Zemin, en visite en Russie, signent, Ă Moscou, un traitĂ© d'amitiĂ© et de coopĂ©ration pour vingt ans, le premier du genre depuis le texte signĂ© par Staline et Mao en fĂ©vrier 1950. Le traitĂ© illustre le nouvel ordre international » que Moscou et PĂ©kin appellent de leurs vĆux; il prĂ©voit la rĂ©solution des diffĂ©rends bilatĂ©raux par des moyens exclusivement pacifiques, ainsi que le dĂ©veloppement de la coopĂ©ration Ă©conomique et militaro-technique ». [âŠ] Lire la suite1er-29 fĂ©vrier 2000 Russie. Chute de Grozny et poursuite des combats et des exactions Le 23, jour anniversaire de la dĂ©portation des TchĂ©tchĂšnes par Staline, en 1944, MĂ©decins du monde, seule organisation non gouvernementale prĂ©sente en TchĂ©tchĂ©nie, publie un rapport accablant pour les troupes russes sur la situation des droits de l'homme dans la RĂ©publique autonome. Le 28, AndreĂŻ Babitski, rĂ©apparu au Daghestan, est inculpĂ© d' usage de faux documents » et ramenĂ© Ă Moscou. [âŠ] Lire la suite8-20 juillet 1994 CorĂ©e du Nord. Mort du prĂ©sident Kim Il-sung ProtĂ©gĂ© de Staline dont les troupes occupent le nord de la CorĂ©e en 1945, Kim Il-sung, combattant de la rĂ©sistance antijaponaise, devient Premier ministre en 1948 et accĂšde Ă la prĂ©sidence du Parti du travail en 1949. AprĂšs la guerre avec la CorĂ©e du Sud, il conforte son pouvoir un moment Ă©branlĂ© par la vague de dĂ©stalinisation et Ă©limine ses adversaires. [âŠ] Lire la suiteRecevez les offres exclusives UniversalisLedĂ©veloppement construit au Brevet. Dans lâĂ©preuve dâHistoire ou de GĂ©ographie, tu devras rĂ©diger un dĂ©veloppement construit d'une vingtaine de lignes sur un sujet donnĂ©. Dans cet exercice, tu n'as pas de documents sur lesquels t'appuyer. C'est pourquoi il te faut avoir des connaissances mais aussi une solide mĂ©thode de travail
Comment associer terreur et bonheur ? Bernard BruneteauHistorien des idĂ©es, professeur Ă©mĂ©rite de science politique Ă lâuniversitĂ© de Rennes-I, Bernard Bruneteau est spĂ©cialiste des totalitarismes et a publiĂ© notamment Les totalitarismes A. Colin, 2014, GĂ©nocides- Usages et mĂ©susages dâun concept CNRS, 2019 et LâĂge totalitaire â IdĂ©es reçues sur le totalitarisme Le Cavalier Bleu, 2017. sâintĂ©resse dans cet ouvrage Ă lâinjonction du bonheur comme technique disciplinaire » et non plus uniquement Ă lâĂ©tude du totalitarisme par le seul prisme de la terreur, comme lâont fait de trĂšs nombreux historiens notamment depuis lâincontournable Origines du totalitarisme » dâH. Arendt. Si les rĂ©gimes totalitaires sont indissociables de lâusage de la terreur, ils ne peuvent toutefois exister sans la mobilisation dâune large base sociale Ă©prise de reconnaissance », chez qui la promesse de lâappartenance Ă une communautĂ© Ă©galitaire la Volksgemeinschaft » en Allemagne, dâune mission modernisatrice, de sĂ©curitĂ© et de protection a suscitĂ© une forte adhĂ©sion. Lâauteur rassemble dans cette Ă©tude le rĂ©gime stalinien et le TroisiĂšme Reich qui professent tous deux une vision du monde eschatologique, face Ă des sociĂ©tĂ©s en quĂȘte de sens et de retour Ă lâordre. Promettre â dans lâattente du Millenium Sont ici rassemblĂ©es les deux idĂ©ologies dans leur rapport Ă la modernitĂ© dĂ©mocratique libĂ©rale qui promet depuis le XIXe s. une Ă©galitĂ© des conditions . Leur critique de cette derniĂšre diffĂšre mais on y retrouve une mĂȘme affirmation de religion politique, promettant aux masses un avenir assurĂ© et forcĂ©ment meilleur. Lâauteur convoque aussi bien Hannah Arendt que John Meynard Keynes ou encore Raymond Aron dans cette explication Keynes voyant en LĂ©nine un autre Mahomet oĂč les rĂ©fĂ©rences communes Ă la religion abondent en effet cĂ©rĂ©monies et rites, idolĂątrie de lâEtat incarnĂ© dans un Chef infaillible et tout-puissant, rĂ©demption, purificationâŠ. A lâinstar des religions, les idĂ©ologies des rĂ©gimes totalitaires veulent donner aux hommes une clĂ© de comprĂ©hension de lâhistoire, du temps prĂ©sent et de lâavenir en prescrivant un remĂšde dĂ©finitif au mal qui ronge la sociĂ©tĂ© . Paradoxalement, leurs adeptes se rĂ©clament de projets laĂŻques voire antireligieux et font parfois revivre le paganisme dans le cas du nationalisme au service dâun mythe de la rĂ©gĂ©nĂ©ration . Lâhomme moderne sera chargĂ© de rebĂątir sur les ruines de lâancien monde la PremiĂšre Guerre mondiale jouant un rĂŽle majeur dans cet effondrement, accomplissant ainsi une prophĂ©tie millĂ©nariste. Bernard Bruneteau distingue cependant la nostalgie du paradis perdu inhĂ©rente au nazisme du paradis futur promis par le communisme. Les nombreuses recherches menĂ©es par lâauteur vont puiser aux sources idĂ©ologiques des rĂ©gimes totalitaires philosophes de la fin du XIXĂš et du dĂ©but du XXĂš siĂšcles, historiens contemporains des Ă©vĂ©nements ou plus rĂ©cents afin dâĂ©tayer cette comparaison entre nazisme et communisme. Age dâor passĂ© ou futur sont ainsi les deux faces des idĂ©aux millĂ©naristes Ă lâoeuvre dans lâEntre-Deux-Guerres mais reposant sur des socles plus anciens datant principalement du XIXe siĂšcle nationalisme völkisch et figure emblĂ©matique de Wagner pour les nazis, marxisme pour les communistes. Selon Bernard Bruneteau, quatre grands moments structurent ces rĂ©cits rĂ©vĂ©lation du mal aliĂ©nation capitaliste/chaos racial, dualisme eschatologique classe ou race Ă©lue / ennemi Ă©ternel, capitaliste ou Juif, transition apocalyptique guerre impĂ©rialiste, rĂ©volution libĂ©ratrice / dĂ©litement de la nation, messie sauveur, millĂ©nium imminent sociĂ©tĂ© communiste sans classe et sans Etat / communautĂ© du peuple Ă©galitaire et fraternelle . Etonnamment, le rejet de la modernitĂ© et la vĂ©nĂ©ration du passĂ© forcĂ©ment glorieux sâaccompagnent dâune fascination pour certaines formes de modernismes industrialisation, nouvelles techniques et lâidĂ©e dâune nouvelle civilisation Ă bĂątir par les tenants du nazisme comme du communisme. Promouvoir â les bĂ©nĂ©ficiaires du totalitarisme en acte Lâinclusion est allĂ©e de pair avec lâexclusion » la persĂ©cution de groupes dâindividus sâest accompagnĂ©e de la mobilisation consciente dâune partie de la population, dans le communisme comme dans le nazisme, Ă qui de nouvelles opportunitĂ©s ont Ă©tĂ© offertes. Lâhistorienne autrichienne Lucie Vargas Rosa Stern identifie dĂšs 1937 trois piliers du rĂ©gime nazi transposables au communisme selon Bernard Bruneteau le noyau des premiers fanatiques, casĂ©s puis relativement marginalisĂ©s dans lâadministration et le parti » ; le cercle des nouveaux fanatiques promus par les organisations satellites » et enfin les spĂ©cialistes , Ă qui le rĂ©gime confie les tĂąches dâorganisation » L. Vargas, La genĂšse du national-socialisme. Notes dâhistoire sociale », Annales dâhistoire Ă©conomique et sociale, nov. 1937. Lâauteur identifie ces derniers comme une nouvelle classe » qui saisit sa chance dâobtenir du rĂ©gime une ascension sociale et des avantages notamment matĂ©riels mais Ă©galement symboliques, et ce aussi bien en URSS que sous le TroisiĂšme Reich. La promotion Ă©clair dâun NikolaĂŻ Iejov ouvrier Ă 11 ans, devenu chef du NKVD en 1937 aprĂšs une carriĂšre mĂ©tĂ©oritique » puis exĂ©cutĂ© en 1940 sur ordre de Staline nâest toutefois pas reprĂ©sentative du destin de la vague de promus des annĂ©es 1930 et lâenracinement du pouvoir bolchĂ©vique ne sâexplique pas seulement par la machine totalitaire terroriste mais par la crĂ©ation dâune nouvelle classe de bĂ©nĂ©ficiaires voyant dans le rĂ©gime stalinien son propre Etat » Merle Fainsod, Smolensk Ă lâheure de Staline, Fayard, 1967. Lâexplosion des effectifs du NSDAP de 130 000 membres en 1929 Ă 5,4 millions en 1939 suit la mĂȘme logique. Lâembauche en grand nombre de fonctionnaires et de cadres territoriaux pour encadrer les diffĂ©rents organismes nouvellement créés aide sociale, organisations de jeunesse, service du travail etc⊠est une immense opportunitĂ© pour les petits employĂ©s du privĂ© ou petits fonctionnaires publics , qui adhĂšrent en masse au parti nazi dĂšs 1933. Autre personnage central de la propagande totalitaire lâingĂ©nieur, idĂ©alisĂ© et capable de rĂ©aliser lâimpossible avec des machines dignes dâun scĂ©nario de science-fiction. La seule diffĂ©rence rĂ©side dans la trĂšs faible proportion dâingĂ©nieurs qualifiĂ©s dont dispose lâURSS Ă ses dĂ©buts, contrairement Ă lâAllemagne qui a connu une trĂšs forte et prĂ©coce industrialisation. Il faut donc former massivement cette nouvelle Ă©lite, celle qui mettra en Ćuvre les fameux plans ». Leonid Brejnev, pour ne citer que lui, dĂ©bute sa carriĂšre comme ouvrier mĂ©tallurgiste avant de devenir ingĂ©nieur en 1935 grĂące Ă la formation proposĂ©e par le rĂ©gime. Câest cette gĂ©nĂ©ration qui occupe les postes stratĂ©giques trente ans plus tard, aprĂšs avoir profitĂ© de la discrimination positive et aussi des grandes purges. Tous ne connaissent pas un sort aussi heureux AndreĂŻ Tupolev a conçu ses avions, rappelle Bernard Bruneteau, dans un bureau dâĂ©tudes-prison. La mĂȘme place dâhonneur est accordĂ©e aux ingĂ©nieurs du TroisiĂšme Reich, en majoritĂ© plutĂŽt favorables au nouveau rĂ©gime et Ă la modernitĂ© quâil propose. Des martyrs » du putsch de 1923 aux plus grands noms de lâindustrie des annĂ©es 1930 Ferdinand Porsche ou Werner von Braun pour ne citer quâeux, ils sont 266 000 Ă la veille de la Seconde Guerre mondiale, et le rĂ©gime les voit comme lâun des instruments majeurs de la cohĂ©sion du Volk au moment oĂč est lancĂ©, en 1936, le Plan de quatre ans prĂ©paratoire Ă la guerre . En comparaison, les ouvriers, censĂ©s ĂȘtre au cĆur de lâappareil soviĂ©tique, ne sont que des bĂ©nĂ©ficiaires relatifs . Lâimmense effort dâindustrialisation a entraĂźnĂ© une augmentation gigantesque des effectifs 20 millions en 1940 mais les conditions de vie et de travail sont mauvaises voire catastrophiques et entraĂźnent parfois des mouvements de rĂ©sistance ouverte comme lors de la grĂšve dans les usines textiles de la rĂ©gion dâIvanovo en 1932, ou passive par nĂ©gligence volontaire, absentĂ©ismeâŠ. Toutefois, la promotion dâouvriers plus Ă©gaux que dâautres » car mieux placĂ©s dans la hiĂ©rarchie sociale est un fondement du pouvoir stalinien. Les travailleurs de choc » udarniki des grands ensembles industriels comme Magnitogorsk bĂ©nĂ©ficient mĂȘme de privilĂšges non nĂ©gligeables gratifications symboliques, meilleure alimentation malgrĂ© le rationnement⊠et annoncent lâavĂšnement du stakhanovisme Ă partir de 1935. En Allemagne, la classe ouvriĂšre nâest tout dâabord pas un pilier du rĂ©gime nazi. La rĂ©pression de toutes les organisations et syndicats communistes permet dâencadrer plus Ă©troitement les ouvriers, au moment oĂč le Reich a besoin de mobiliser une trĂšs importante main dâoeuvre pour ses grands travaux. La durĂ©e de la journĂ©e de travail excĂšde souvent les huit heures autrefois rĂ©glementaires et la pression fiscale sâaccentue. Toutefois, il ne faut pas, selon Bernard Bruneteau, nĂ©gliger les efforts faits par le TroisiĂšme Reich pour faire adhĂ©rer la classe ouvriĂšre aux valeurs du rĂ©gime voir lâouvrage de David Schoenbaum, Hitlerâs Social Revolution, 1966 la bataille du travail » permet de rĂ©sorber totalement le chĂŽmage en 1937, le concours de lâentreprise modĂšle » en 1936 incite les propriĂ©taires dâusines Ă amĂ©liorer le confort de leurs ouvriers au quotidien meilleur Ă©clairage, cantines, douches, terrains de sport, jardins fleurisâŠ. Lâorganisation Kraft durch Freude ouvre Ă la classe ouvriĂšre des loisirs jusquâalors bourgeois » voyages touristiques, activitĂ©s sportives et mĂȘme croisiĂšres! BĂ©nĂ©ficiaire net du rĂ©gime en 1939, le soldat du travailâ pouvait donc se transformer en soldat tout court » conclut Bernard Bruneteau. Les deux autres catĂ©gories mises en avant par les rĂ©gimes totalitaires sont la jeunesse et les femmes. La premiĂšre est essentielle Ă lâidĂ©ologie totalitaire et Ă la construction du monde nouveau. DĂšs octobre 1918, le Komsomol » rassemble quelques dizaines de milliers de jeunes entre 14 et 23 ans. Ils sont 6 millions en 1932, et puisent largement chez les Jeunes Pionniers » 10-14 ans fondĂ©s en 1924. Au dĂ©but des annĂ©es 1930, les attributions de lâorganisation sont multiples participer aux travaux des champs dans le cadre des kolkhozes, lutter contre lâanalphabĂ©tisme, organiser des compĂ©titions sportives⊠et visent Ă encadrer la population et diffuser lâidĂ©ologie marxiste-lĂ©niniste. Lâautonomie et la reconnaissance qui leur sont accordĂ©es donnent des ailes Ă ces jeunes idĂ©alistes, dorĂ©navant pris au sĂ©rieux par les adultes. Ce modĂšle est admirĂ© par certains Allemands, dont Klaus Mehnert, germano-russe nĂ© en 1906, membre de lâaile gauche du parti nazi et se considĂ©rant comme national-bolchĂ©vique », auteur du livre-enquĂȘte La jeunesse en Russie soviĂ©tique en 1932. Cette mĂȘme annĂ©e, la Hitler Jugend encore balbutiante ne rĂ©unit que » cent mille jeunes, mais elle voit ses effectifs exploser les annĂ©es suivantes jusquâĂ 8,7 millions en 1939, date Ă laquelle elle devient obligatoire. Elle prend le pas sur les autres groupes prĂ©existants confessionnels ou politiques et rencontre aussi le succĂšs auprĂšs de la jeunesse car elle prĂŽne lâautonomie, le courage physique, lâanti-intellectualisme mais aussi la mixitĂ© 900 jeunes filles du BDM tombĂšrent enceintes lors du congrĂšs de Nuremberg de 1936 !. De trĂšs jeunes gens accĂšdent Ă des responsabilitĂ©s Ă lâĂ©chelle locale, voire rĂ©gionale plus rarement nationale et pour ces petits chefs dâĂ©quipe issus â pour la moitiĂ© dâentre eux â des classes populaires, la reconnaissance et le prestige sont dâimportants aiguillons. Enfin, les femmes font lâobjet dâun apparent chassĂ©-croisĂ© idĂ©ologique » en Allemagne et en URSS. LâĂ©mancipation rĂ©volutionnaire dans cette derniĂšre Ă partir de 1917 droit de vote, mariage civil et divorce par consentement mutuel en 1918, instauration du 8 mars comme journĂ©e internationale de la femme en 1921, droit Ă lâavortement en 1920 et Ă la contraception en 1923 est brutalement interrompue par la rĂ©action stalinienne des annĂ©es 1930 et la femme rĂ©tablie dans son statut de mĂšre au foyer rĂ©duite au silence le divorce devient plus contraignant, lâavortement est interdit en 1936, le respect de la famille et par extension du Parti comme grande famille avec Staline comme pĂšre de famille suprĂȘme est mis en avant. Toutefois, ces derniĂšres lois rĂ©pondent aussi aux aspirations de nombreuses ouvriĂšres et paysannes, qui souhaitent entre autres que les hommes prennent le mariage davantage au sĂ©rieux et que le montant des pensions alimentaires soit augmentĂ©. La multiplication des divorces et la chute du taux de natalitĂ© sont Ă©galement problĂ©matiques pour lâEtat, qui doit dans le mĂȘme temps recruter massivement des ouvriers pour rĂ©pondre Ă ses besoins de modernisation. Il ne sâagit toutefois pas dâun total retour en arriĂšre dans la mesure oĂč les femmes entrent massivement dans lâindustrie et les services 42% de la population active en 1937 et peuvent faire carriĂšre mĂȘme si lâĂ©galitĂ© homme-femme prĂŽnĂ©e par le rĂ©gime nâest pas entiĂšrement effective. Les cas de promotion sont abondement utilisĂ©s par la propagande lâactrice Ladynina ou encore la sculptrice Vera Moukhina, chargĂ©e de rĂ©aliser lâimmense statue du couple ouvrier-kolkhozienne pour le pavillon soviĂ©tique de lâexposition universelle de Paris en 1937. Le sport, lâaĂ©ronautique le vol de 24h non stop entre Moscou et lâExtrĂȘme-Orient par Marina Raskova en 1938 et plus encore la guerre 800 000 femmes se portent volontaires pour le front Ă partir de lâĂ©tĂ© 1941 montrent lâĂ©volution du rĂŽle de la femme en Union soviĂ©tique. A lâinverse, la femme allemande a longtemps Ă©tĂ© vue comme une victime ayant subi le rĂ©gime nazi Ă la mysoginie fondamentale » Rita Thalmann, Ătre femme sous le IIIe Reich, 1981. A partir des annĂ©es 1980, les recherches historiographiques montrent pourtant que lâimmense majoritĂ© des femmes allemandes exprimĂšrent le dĂ©sir de participer au rĂ©gime, quâelles travaillĂšrent dans ses structures volontairement et en conscience » 12 millions de femmes dans les diverses organisations du TroisiĂšme Reich en 1939. Lâaide aux femmes seules, la formation en Ă©conomie domestique, lâinstauration dâun jour fĂ©riĂ© pour la FĂȘte des mĂšres ne sont pas les seuls avantages proposĂ©s. IntĂ©grer les structures nazies du BDM Bund Deutscher MĂ€del Ligue des jeunes filles allemandes de 10 Ă 18 ans, soit 4 millions dâadolescentes, de la NS-Frauenschaft 2 millions de membres ou de la section fĂ©minine du Front du Travail qui supervise 7 millions de femmes salariĂ©es offre des perspectives de promotion et de visibilitĂ©. Les besoins croissants en main dâĆuvre font Ă©galement davantage entrer les femmes dans lâindustrie de 1,2 million en 1933 Ă 1,85 million en 1939 et le tertiaire y compris dans la rĂ©pression avec la Gestapo ou dans la mise en Ćuvre des politiques eugĂ©nistes dâhygiĂšne raciale et dâeuthanasie. ProtĂ©ger â un Welfare totalitaire ? Le peu dâefficacitĂ© des dĂ©mocraties libĂ©rales face Ă la crise des annĂ©es 1930 fait paraĂźtre aux yeux des contemporains les rĂ©gimes totalitaires comme promoteurs dâune attention sociale susceptible de favoriser une conscience communautaire . Lâhistoriographie actuelle est divisĂ©e sur ce thĂšme et la dictature au service du peuple » brillamment prĂ©sentĂ©e par Götz Aly Comment Hitler a achetĂ© les Allemands, 2005 a Ă©tĂ© critiquĂ©e. Bernard Bruneteau justifie la comparaison entre les deux rĂ©gimes car le totalitarisme, quelle quâen soit la version, doit inscrire Ă son agenda politique des formes dâintervention Ă©tatiques prenant en charge des fonctions de solidaritĂ© entre les individus Ă©gauxâ, câest-Ă -dire ceux de bonne origine sociale ou raciale . Une communautĂ© imaginĂ©e, dĂ©barrassĂ©e des individus ne correspondant pas au modĂšle communiste ou nazi, doit pouvoir sâĂ©panouir une fois le rĂ©gime installĂ©. Le Peuple dâURSS peut donc profiter dâune vie meilleure » dans les annĂ©es 1930, Ă lâimage du film Le Bonheur » dâAlexandre Medvekhine 1935 dĂ©crivant le cheminement dâun moujik vers le bonheur collectif en transposant le dramatique Ă©pisode de la collectivisation dans un univers irrĂ©el de conte populaire . LâExposition agricole de 1939 Ă Moscou met en scĂšne les rĂ©ussites soviĂ©tiques, nâhĂ©sitant pas Ă instrumentaliser lâintĂ©gration des diffĂ©rentes nationalitĂ©s Ă condition quâelles servent la construction du socialisme , se posant ainsi en chantre de lâantiracisme. La communautĂ© juive est dans un premier temps plutĂŽt favorable aux bolcheviks car bĂ©nĂ©ficie dâopportunitĂ©s de promotion sociale jusquâalors impossibles la situation changera ensuite. Dans les textes, lâEtat social soviĂ©tique est extrĂȘmement novateur la Constitution de 1936 accorde le droit au travail et au repos, les assurance vieillesse, maladie et chĂŽmage, ainsi que le droit Ă lâinstruction. Dans les faits, cela profite Ă une partie seulement de la population les fameux promus des annĂ©es 1930 et contribue Ă exclure davantage les catĂ©gories sociales les plus faibles, mais la rĂ©alitĂ© perçue lâemporte sur la rĂ©alitĂ© rĂ©elle ». Lâenthousiasme de la sociĂ©tĂ© allemande pour le nouveau rĂ©gime porteur de promesses est Ă©galement notĂ© par les contemporains y compris Lloyd George, lors de son voyage en Allemagne en 1936 mais ce nâest quâĂ partir des annĂ©es 1980 que lâhistoriographie commence Ă lâadmettre comme pour le rĂŽle actif des femmes dans le nazisme. La CommunautĂ© du peuple » Volksgemeinschaft sâinscrit dans la rĂ©alitĂ© par des pratiques sociales qui incitent Ă participer au rĂ©gime et qui donc, in fine, poussent Ă accepter un systĂšme dâinclusion et dâexclusion ». Les fĂȘtes et cĂ©rĂ©monies dont raffolent les rĂ©gimes totalitaires ont Ă©galement pour but de souder la communautĂ©, grand-messes dont le public est Ă la fois spectateur et acteur par les chants, incantations et slogans. Le langage lui-mĂȘme est porteur de cohĂ©sion, comme lâa analysĂ© Victor Klemperer LTI- la langue du IIIe Reich, 1946, notamment par lâemploi massif des termes socialisme », travailleur » ou soldat ». Le but de ces diverses politiques est de modifier non pas tant les inĂ©galitĂ©s sociales ou culturelles effectives que lâimage que lâindividu se fait de lui-mĂȘme et de sa place dans la sociĂ©tĂ© », conclut Bernard Bruneteau. En rĂ©compense », celui qui sâintĂšgre dans ce cadre idĂ©al se voit offrir une multitude dâinsignes et de gratifications 170 millions dâinsignes sont produits durant lâannĂ©e 1938-39 en Allemagne ! mĂȘme si le concept de sociĂ©tĂ© de consommationâ est Ă priori antagoniste du projet totalitaire ». PĂ©nurie et rationnement en URSS font mauvais mĂ©nage avec la vision de la sociĂ©tĂ© idĂ©ale projetĂ©e par la propagande et pour lutter contre la spĂ©culation, le Second Plan 1933-37 multiplie par trois les investissements consacrĂ©s au secteur des biens de consommation ». Mais cette fois encore, câest au bĂ©nĂ©fice de la nouvelle classe de promus, en gratification pour leur loyautĂ© ! Pourtant, cela nâĂ©tait pas forcĂ©ment vĂ©cu comme inĂ©galitĂ© criante et pouvait mĂȘme symboliser lâavant-garde de ce que serait la sociĂ©tĂ© idĂ©ale pour tous. LâAllemagne nazie qui veut financer les canons et le beurre » admire ouvertement le modĂšle amĂ©ricain DeuxiĂšme Livre dâHitler, manuscrit Ă©crit en 1928, suite non publiĂ©e de Mein Kampf, dont elle dĂ©veloppe les deux produits-phares la voiture Volkswagen et la radio VolksempfĂ€nger Ă grand renfort de publicitĂ©. La radio devient le moyen de diffusion massive de la propagande quasiment toutes les familles possĂšdent un poste Ă la veille de la Seconde Guerre Mondiale, contre 4 millions de postes pour 66 millions dâhabitants en 1933. La Coccinelle connaĂźt un succĂšs bien moindre puisque lâusine inachevĂ©e au moment de la guerre est reconvertie pour la production dâarmement et aucune voiture nâa pu ĂȘtre livrĂ©e aux 270 000 souscripteurs Ă 95% issus des classes moyennes, les ouvriers ne pouvant payer le crĂ©dit de 5 RM par semaine. Le dernier aspect du chapitre revient sur la joie totalitaire en partie Ă©voquĂ©e plus haut, abondamment relatĂ©e par les journalistes et voyageurs qui visitent les deux rĂ©gions. Le tourisme et le sport se dĂ©veloppent pas question de bronzer idiot camps modĂšles dâalpinisme en URSS ouverts, ici encore, essentiellement aux jeunes cadres promus du rĂ©gime, tourisme allemand mĂ©moriel sur les traces du FĂŒhrer ou plus classique y compris hors des frontiĂšres, principalement en Italie et au Danemark et mĂȘmeâŠen URSS !. Massif et Ă destination des classes populaires, le tourisme strictement encadrĂ© de la KDF Kraft durch Freude connaĂźt Ă©galement un grand succĂšs 45 millions de sĂ©jours organisĂ©s entre 1933 et 1939 mais les chercheurs ont montrĂ© que ce sont une fois encore les classes moyennes qui ont le plus profitĂ© des croisiĂšres, soirĂ©es et concerts proposĂ©s. Cette joie partagĂ©e Freude permet Ă©galement le renforcement de la Volksgemeinschaft. La station balnĂ©aire construite sur lâĂźle de RĂŒgen Ă partir de 1936, devait ĂȘtre la plus grande du monde 20 000 plaisanciers Ă des prix imbattables, pour faire bĂ©nĂ©ficier davantage les ouvriers de loisirs autrefois bourgeois, mais la guerre interrompt le chantier. Les autres loisirs comme le cinĂ©ma sont Ă©galement primordiaux et les populations des deux rĂ©gimes plĂ©biscitent les comĂ©dies musicales dont les chiffres dâentrĂ©es battent des records au dĂ©triment des films de propagande ! et les films sentimentaux, symboles peut-ĂȘtre encore de cette joie totalitaire » mĂȘme si ce type de cinĂ©ma a une Ă©vidente fonction de camouflage politique . Fasciner â les horizons de lâutopie Les rĂ©gimes totalitaires se lĂ©gitiment par le mouvement et la rĂ©volution permanente », contre toute routinisation mortifĂšre », et programment ce que Bernard Bruneteau nomme un activisme promĂ©thĂ©en », mĂȘme sâil prend une forme diffĂ©rente dans lâURSS stalinienne et dans lâAllemagne nazie. Ces utopies sâinscrivent dans le cadre du Millenium promis voir partie I. Lâarchitecture nouvelle doit jouer un rĂŽle de premier plan dans la construction de la ville idĂ©ale qui parfois peut devenir une absence de ville, quand lâhabitat se disperse le long des voies de communication grĂące aux progrĂšs techniques, selon la conception des disurbanistes » soviĂ©tiques. La rĂ©action stalinienne marque ici encore la fin des projets et revient Ă la ville monumentale classique projet du gigantesque Palais des Soviets dĂ©butĂ© en 1937 mais interrompu par la guerre puis dĂ©mantelĂ©, et ses constructions profitent une fois encore principalement Ă lâĂ©lite de la nomenklatura Ă lâexception du mĂ©tro, dont les luxueuses stations sont surnommĂ©es le palais souterrain » Ă partir de 1935 et de nombreux projets nâaboutissent pas. Les villes nouvelles industrielles Magnitogorsk doivent incarner lâutopie de la ville socialiste parfaite et ne se soucient pas des consĂ©quences environnementales dĂ©sastreuses Le paysage est un gĂ©ant enchaĂźnĂ© avec des clous dâusine », Louis Aragon Hourra lâOural, 1934. A lâinverse, lâutopie nazie est intensĂ©ment verte » mais les moyens pour lâatteindre sont, eux, intensĂ©ment modernes, mĂ©caniques et techniques !. Les images du nationalisme romantique du XIXe siĂšcle sont reprises pour vanter les vertus de la campagne et du retour aux sources. Le programme de Reich sans villes » Blut und Boden repose sur trois volets amĂ©liorer le bien-ĂȘtre des habitants des campagnes soirĂ©es de villages au son de musiques traditionnelles anti-jazz ; travaux dâembellissement, construction de terrains de sport⊠; installations de colonies en milieu rural 80 000 familles bĂ©nĂ©ficieront dâun habitat rustique avec jardin couplĂ© Ă une installation de petit Ă©levage » ; dĂ©veloppement de citĂ©s-jardins pĂ©piniĂšres de la vie allemande », loin des grandes villes. Câest le Heimat pays, terroir quâil faut protĂ©ger avant tout, en directe continuitĂ© avec les thĂ©ories de Wilhelm Henrich Riehl Land und Leute, 1854. DĂšs 1933 sont votĂ©es des lois de protection animale, de protection des forĂȘts 1934 et plus gĂ©nĂ©ralement de protection dâespace reconnus comme Ă©cologiquement importants. Toutefois, les dĂ©rogations se multiplient, lâindustrialisation et la marche Ă la guerre prenant le pas sur les considĂ©rations environnementales. Les historiens ne sâaccordent pas tous sur les liens entre nazisme et Ă©cologie, mais pour Bernard Bruneteau, il sâagit dâun faux dĂ©bat, lâĂ©cologie Ă©tant sujette Ă interprĂ©tation en fonction des contenus possibles, quâils soient libertaire, marxiste ou rĂ©actionnaire ». Dans ce cadre, lâhomme nouveau est par excellence lâhabitant de lâutopie » Michel Heller, La Machine et les rouages. La formation de lâhomme soviĂ©tique, 1985. LâidĂ©e nâest pas nouvelle les LumiĂšres, la RĂ©volution française ou encore les communautĂ©s type phalanstĂšre mais revĂȘt dĂ©sormais un caractĂšre de surhomme, Ă©minemment martial, et affranchi des idĂ©es et contraintes de lâancien monde. Lâ Homo sovieticus » Alexandre Zinoviev, 1983 est construit par Ă©dification Ă travers quatre modĂšles de hĂ©ros celui du travail Stakhanov, celui du parti souvent martyr de la cause, celui du sport par exemple lâaviateur Valerii Chkatov, qui vole au-dessus du PĂŽle Nord et enfin le hĂ©ros patriotique Alexandre Nevski, dans le film dâEisenstein. La construction de lâhomme nouveau dans lâAllemagne nazie sâest faite Ă lâopposĂ© par sĂ©lection. Longtemps vu par les historiens comme la vague rĂ©surrection de modĂšles anciens » lĂ©gionnaire romain, chevalier teutonique, lâhomme nouveau est aujourdâhui perçu comme au cĆur des idĂ©ologies fasciste et nazie, entre rupture avec un passĂ© dĂ©cadent et retour Ă un Ăąge dâor glorieux. Le thĂšme de lâhomme nouveau est davantage exploitĂ© par Mussolini Hitler utilisant peu le terme, mais on retrouve un modĂšle dâindividu dans la sociĂ©tĂ© du TroisiĂšme Reich le guerrier sous toutes ses formes, but ultime des politiques sanitaire hygiĂ©nistes et eugĂ©nistes. Impossible de ne pas Ă©voquer les statues dâArno Breker ou le corps triomphant des athlĂštes filmĂ©s par Leni Riefenstahl en 1936. La science doit permettre dâobtenir le nouveau Volk entiĂšrement pur un tiers seulement des Allemands appartiendrait Ă la bonne souche raciale » !. DĂšs 1933, une sĂ©rie de lois met ce programme en Ćuvre stĂ©rilisation des personnes atteintes de maladie hĂ©rĂ©ditaire, lois de Nuremberg pour la protection du sang allemand » en 1935, fichage des citoyens pour attribuer des certificats de santĂ© gĂ©nĂ©tique »âŠ, jusquâĂ la persĂ©cution systĂ©matique de tous les individus ne correspondant pas Ă lâobjectif fixĂ© asociaux, homosexuels, Juifs, TziganesâŠ. Toujours au nom de la santĂ©, les nazis lancent les premiĂšres grandes campagnes hygiĂ©nistes contre le tabac, lâalcool, le pain blanc ou encore lâamiante. La mĂ©decine du TroisiĂšme Reich est la premiĂšre Ă Ă©tablir le rapport entre le cancer du poumon et la consommation de tabac ! Les deux tiers des mĂ©decins allemands appartiennent Ă au moins une grande organisation nazie et applaudissent les rĂ©sultats de cette politique hygiĂ©niste y compris dans ses aspects les plus brutaux. Enfin, lâEden de lâEst » qui clĂŽture lâouvrage est commun aux deux rĂ©gimes totalitaires. En URSS, câest la SibĂ©rie, terre des possibles, Ă la fois sauvage et libre, Ă domestiquer par la force. Des milliers de volontaires du Komsomol partent en 1932 crĂ©er une ville sur les rives de lâAmour le chantier sera catastrophique, des milliers de juifs partent Ă la frontiĂšre chinoise pour y cultiver les terres projet initialement prĂ©vu en CrimĂ©e, Ă grand renfort de propagande sur le dĂ©sir juif de fonder une patrie », en contradiction avec la politique antisĂ©mite de lâAllemagne nazie au mĂȘme moment. Câest Ă©galement dans les contrĂ©es inhospitaliĂšres de lâEst que sont envoyĂ©s les indĂ©sirables koulaks, saboteurs, marginauxâŠ, selon un plan rationnel mais une pratique dĂ©connectĂ©e de la rĂ©alitĂ© lâĂźle de Nazino est inhabitable et une grande partie des dĂ©portĂ©s y meurt en 1933. Le goulag doit permettre de refondre » lâĂąme des dĂ©viants par le travail. Entre 1930 et 1953, 15 millions de personnes travaillent dans 146 camps et des milliers dâannexes, Ă une Ă©poque oĂč lâURSS a besoin dâune trĂšs importante main dâĆuvre pour pallier la dĂ©ficience technologique ». La logique Ă©conomique lâemporte sur lâidĂ©ologie. Pour lâAllemagne nazie, lâEst doit ĂȘtre conquis pour rĂ©pondre aux besoins du Lebensraum thĂ©orie dĂ©veloppĂ©e dans Mein Kampf, mais sans passer dĂ©sormais par la germanisation des populations comme sous Bismarck il sâagit dĂ©sormais de germaniser le sol », dans des rĂ©gions oĂč lâinfluence allemande se faisait autrefois ressentir. Historiens, sociologues, Ă©conomistes, gĂ©ographes et juristes mĂšnent les recherches au sein de lâOstforschung et vont finalement lĂ©gitimer la solution du nettoyage ethnique » par leurs travaux de classification des populations. Dans ce lieu neuf qui sera vidĂ© de ses habitants sâouvrira alors un immense terrain dâexpĂ©rimentations, Ă rĂ©amĂ©nager selon les principes du gĂ©ographe Walter Christaller ancien membre du SPD ralliĂ© au rĂ©gime autour des lieux centraux il soutient sa thĂšse sur les villes allemandes du sud en 1933. Les projets sont multiples mais nâaboutissent pas en raison de multiples difficultĂ©s de rĂ©alisation les populations allemandes sont peu enclines Ă aller sâinstaller Ă lâEst, malgrĂ© la propagande intense autour de lâextension du Lebensraum et surtout du tournant de la guerre en 1942. Dans ce livre passionnant, Bernard Bruneteau offre un nouveau regard sur les sociĂ©tĂ©s totalitaires et sur les rĂ©gimes qui les ont créées/transformĂ©es/manipulĂ©es, sâintĂ©grant dans le courant historiographique apparu depuis les annĂ©es 2000 pour lequel le communisme ici stalinien et le nazisme nâont pas pour seul point commun la terreur. La trĂšs grande richesse des sources et les nombreuses citations en font un livre-rĂ©fĂ©rence Ă lire absolument ! En complĂ©ment le trĂšs intĂ©ressant podcast Ils ont vĂ©cu heureux sous des rĂ©gimes totalitaires » RCF, le 21/06/2022, interviews croisĂ©es de Bernard Bruneteau et dâAlexis Lacroix historien des idĂ©es, producteur sur France Culture professeur de lettres modernes Ă lâUniversitĂ© catholique de Lille, auteur de La RĂ©publique assassinĂ©e â Weimar 1922, Ed. du Cerf, 2022.
caractĂ©riser le rĂ©gime totalitaire nazi - prĂ©senter, dĂ©crire, expliquer, expliciter un dessin de propagande antisĂ©mite. Le professeur diffĂ©rencie les formes de travail, rĂ©explique les attendus et lâĂ©lĂšve choisit, en fonction des constats Ă©tablis suite Ă la tĂąche complexe, la compĂ©tence quâil privilĂ©gie de travailler.sonicmastaex sonicmastaex February 2021 0 39 Report Bonjour, Pouvez vous m'aider Ă faire un devlopement construit sur le rĂ©gime totalitaire stalinienAu moin 30 lignes svp
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EnlĂšvements d'Ă©trangers, coupes de cheveux officielles ou passion pour le fromage suisse⊠La CorĂ©e du Nord fascine les mĂ©dias occidentaux, qui n'hĂ©sitent pas Ă relayer les rumeurs les plus folles Ă son propos. Franceinfo dĂ©mĂȘle le vrai du dictature "opaque" et "peu connue", la montĂ©e en puissance d'internet⊠Pour Antoine Bondaz, chercheur Ă la fondation pour la recherche stratĂ©gique FRS et coauteur de CorĂ©e du Nord, plongĂ©e au cĆur d'un Etat totalitaire Ă©d. du ChĂȘne, 2016, le rĂ©gime de Pyongyang rĂ©unit tous les ingrĂ©dients pour la diffusion massive d'informations douteuses, voire de "fake news". EnlĂšvements d'Ă©trangers, coupes de cheveux officielles, passion pour le fromage suisse... Alors que l'on redoute une escalade militaire entre les Etats-Unis et la CorĂ©e du Nord, franceinfo fait le tri entre les mythes et les rĂ©alitĂ©s largement relayĂ©s sur le dernier rĂ©gime stalinien de la planĂšte. Des Ă©trangers sont enlevĂ©s par le rĂ©gime pour devenir espions L'histoire. Depuis des annĂ©es, le rĂ©gime de Pyongyang est accusĂ© de kidnapper des Ă©trangers pour en faire des espions. "Ils Ă©taient lĂ , dans le train-train de leur existence et, soudain, ils ont Ă©tĂ© assommĂ©s, puis enfouis dans un grand sac noir. Certains Ă©taient assis sur la plage, en amoureux. D'autres ont Ă©tĂ© droguĂ©s. Ils se sont rĂ©veillĂ©s, ligotĂ©s dans ces sacs de lin, dans les cales des bateaux nord-corĂ©ens", rapporte Le Figaro dans un rĂ©cit sur les "captives Ă©trangĂšres de la CorĂ©e du Nord" dans les annĂ©es 1970. La rĂ©alitĂ©. L'histoire remonte Ă plus de soixante ans. AprĂšs la guerre qui oppose les deux CorĂ©es 1950-1953, les prisonniers sud-corĂ©ens ne sont pas rendus Ă leur pays. S'ensuit une longue sĂ©rie d'"enlĂšvements systĂ©matiques, [de] refus de rapatriement et [de] disparition forcĂ©e de personnes", dĂ©noncĂ©e par le Conseil des droits de l'homme de l'ONU dans un rapport en 2014, puis dans une rĂ©solution en 2015. Selon l'organisation, plus de 200 000 Ă©trangers ont Ă©tĂ© enlevĂ©s par le rĂ©gime nord-corĂ©en depuis les annĂ©es 1950, particuliĂšrement dans les annĂ©es 1970 et 1980. Si les victimes sont en majoritĂ© des Sud-CorĂ©ens, des Japonais et des Chinois, au moins douze pays sont concernĂ©s, y compris la France. L'objectif ? "Les Ă©trangers devaient former les potentiels espions des services de renseignements nord-corĂ©ens Ă la langue et aux modes de vie de leur pays", explique Ă franceinfo Antoine Bondaz. La question "a causĂ© un immense problĂšme dans la relation bilatĂ©rale entre la CorĂ©e du Nord et le Japon", rappelle le chercheur. En 2002, lors d'un sommet Ă Pyongyang entre l'ancien dirigeant nord-corĂ©en Kim Jong-il et le Premier ministre japonais de l'Ă©poque, Junichiro Koizumi, le leader nord-corĂ©en reconnaĂźt officiellement onze enlĂšvements de citoyens japonais. Et organise le retour au pays de cinq d'entre eux. Elle reconnaĂźt aujourd'hui le rapt de dix-sept Japonais, mais nie toujours ĂȘtre impliquĂ©e dans la disparition d'autres Ă©trangers. Certaines coiffures sont interdites L'histoire. Les Nord-CorĂ©ens doivent-ils tous adopter la coupe de Kim Jong-un ? En 2014, l'information circule sur de nombreux mĂ©dias occidentaux. Selon de nouvelles rĂšgles introduites "Ă Pyongyang, qui s'Ă©tendent au pays tout entier", prĂ©cise Radio Free Asia, citĂ©e par The Korea Times en anglais, les jeunes hommes doivent avoir les cheveux rasĂ©s sur les cĂŽtĂ©s et longs sur le haut du crĂąne. La rĂ©alitĂ©. Cette histoire est un peu plus complexe, tempĂšre Antoine Bondaz. "L'idĂ©e qu'il y a des coiffures officielles est complĂštement fausse. Les affiches de coupes de cheveux qu'on a vues en photo Ă l'Ă©poque ressemblent Ă ce qu'on pouvait voir en France dans les annĂ©es 1950. Ce sont des exemples." Pour autant, "il existe des coupes de cheveux considĂ©rĂ©es comme 'interdites', prĂ©cise-t-il. Ce n'est pas Ă©crit dans la loi, simplement le rĂ©gime attend que vous ayez une coupe propre, avec des cheveux courts. Cela fait partie de sa culture hygiĂ©niste vous ne verrez pas de cheveux longs ou de teintures blondes ou bleues en CorĂ©e du Nord, parce que dans les rares films et mĂ©dias il n'y en a pas, donc les CorĂ©ens ne le font pas." Les prisonniers subissent les pires tortures L'histoire. Dents arrachĂ©es, sĂ©vices psychologiques... Les tĂ©moignages dĂ©nonçant les tortures dans les prisons nord-corĂ©ennes sont lĂ©gion. Une rĂ©putation entretenue jusque dans de nombreux films ou sĂ©ries amĂ©ricaines, qui font souvent de ces geĂŽles les plus dures au monde. La rĂ©alitĂ©. "La torture dans les camps de travail est une rĂ©alitĂ©", tranche Antoine Bondaz. Créés Ă la fin des annĂ©es 1950 sur le modĂšle soviĂ©tique pour y enfermer les ennemis du rĂ©gime communiste, ces camps de travail servent aujourd'hui Ă emprisonner et rĂ©duire en esclavage les opposants politiques ou les citoyens ayant cherchĂ© Ă fuir le pays, rappelle l'ONG Human Rights Watch dans son rapport mondial 2017. "Des centaines de milliers de prisonniers politiques ont pĂ©ri dans des camps pendant les cinquante derniĂšres annĂ©es", estimait un rapport du Conseil des droits de l'homme des Nations unies en 2014. De "80 000 Ă 120 000 prisonniers politiques sont actuellement dĂ©tenus" dans quatre camps, selon l'organisation internationale. Travail jusqu'Ă l'Ă©puisement, avortements forcĂ©s et famine d'anciens prisonniers et tortionnaires ont racontĂ© l'intĂ©rieur des camps, comme dans cette vidĂ©o de l'ONG Amnesty International, mise en ligne en 2014. Il n'y a que 28 sites internet nord-corĂ©ens L'histoire. En septembre 2016, une erreur de configuration des serveurs nord-corĂ©ens rend momentanĂ©ment disponible la liste des sites internet enregistrĂ©s en .kp, l'extension de nom de domaine rĂ©servĂ©e au pays. Matthew Bryant, un ingĂ©nieur britannique, s'en saisit et la diffuse sur le rĂ©seau GitHub. Surprise celle-ci ne contient que 28 adresses. La rĂ©alitĂ©. "Cela ne veut pas dire que la liste est exhaustive et qu'il n'existe pas d'autres sites nord-corĂ©ens" avec une autre extension de nom de domaine, rappelle Antoine Bondaz. Surtout, le chercheur souligne que "trĂšs peu de Nord-CorĂ©ens ont accĂšs Ă internet. Il n'y a donc pas d'intĂ©rĂȘt Ă crĂ©er des sites, sauf Ă des fins de propagande internationale, pour les Ă©trangers qui s'intĂ©resseraient Ă la CorĂ©e du Nord." L'objectif du pouvoir nord-corĂ©en est dâempĂȘcher ses citoyens dâaccĂ©der Ă internet. Lâabsence dâaccĂšs est plus efficace quâun accĂšs limitĂ©, comme en Chine, qui trouve toujours moyen de contourner les pare-feu installĂ©s. Antoine Bondaz, chercheurĂ franceinfo Les Nord-CorĂ©ens disposent en revanche d'un intranet appelĂ© kwangmyong, auquel les plus aisĂ©s accĂšdent la plupart du temps grĂące Ă un smartphone â au moins deux millions seraient en circulation dans le pays, selon des chercheurs de l'universitĂ© amĂ©ricaine Johns Hopkins. Cet intranet, dont l'aspect imite celui de l'internet mondial, est "entiĂšrement contrĂŽlĂ© par le rĂ©gime", prĂ©cise Antoine Bondaz. Selon lui, on y trouve quelques applications et un moteur de recherche conçu par Pyongyang. Mais en tant quâutilisateur, "impossible dâajouter des contenus". S'il est difficile de savoir quel est le volume des contenus disponibles, le chercheur affirme qu'"il sâagit bien plus que de 28 sites". L'oncle de Kim Jong-un a Ă©tĂ© donnĂ© Ă manger aux chiens L'histoire. DĂ©but janvier 2013, plusieurs rĂ©dactions s'emballent autour de la mort, un mois auparavant, de l'oncle et mentor du dictateur corĂ©en, Jang Song-thaek. Reprenant une information parue sur le site du tabloĂŻd hongkongais Wen Wei Po, elles affirment que l'homme aurait Ă©tĂ© dĂ©vorĂ© vivant par 120 chiens affamĂ©s, sur ordre de Kim Jong-un. La rĂ©alitĂ©. Si l'oncle est bien mort aprĂšs sa condamnation pour "trahison", c'est vraisemblablement en raison d'une exĂ©cution par balle et non d'un meurtre digne de la fin de Ramsay Bolton dans Game of Thrones, rĂ©vĂšle quelques heures plus tard le Washington Post en anglais. La rumeur viendrait de la blague d'un humoriste lancĂ©e sur Weibo, le Twitter chinois, comme le souligne ArrĂȘt sur images. Le leader nord-corĂ©en est rĂ©guliĂšrement accusĂ© d'exĂ©cuter l'un de ses proches dans des conditions extravagantes et cruelles. En mai 2015, le vice-directeur des services de renseignement sud-corĂ©ens NIS, Han Ki-beom, avait ainsi annoncĂ© que le ministre de la DĂ©fense, Hyon Yong-chol, avait Ă©tĂ© exĂ©cutĂ© au canon antiaĂ©rien pour sâĂȘtre assoupi durant un dĂ©filĂ© officiel. Avant de rĂ©tropĂ©daler quelques jours plus tard, incapable de confirmer la mort de l'homme politique. Une armĂ©e de hackers s'est attaquĂ©e Ă Hollywood L'histoire. En 2014, les studios amĂ©ricains de Sony sont victimes d'un piratage informatique massif. Les donnĂ©es personnelles des 47 000 employĂ©s sont rĂ©vĂ©lĂ©es ainsi que les salaires de certaines stars ou le scĂ©nario du nouveau James Bond. Le FBI assure que Pyongyang a pilotĂ© cette cyberattaque. Trois ans plus tard, la Banque centrale du Bangladesh est aussi victime d'une attaque en ligne. De nouveau, les regards se tournent vers la CorĂ©e du Nord. La rĂ©alitĂ©. Antoine Bondaz confirme que la CorĂ©e du Nord emploie bien, au sein de son armĂ©e, des "soldats assignĂ©s au dĂ©veloppement des cyber-capacitĂ©s". Un investissement intĂ©grĂ© Ă une stratĂ©gie plus large. Pour faire face au "rapport de forces dĂ©sĂ©quilibrĂ© avec l'alliance amĂ©ricano-sud-corĂ©enne", la CorĂ©e du Nord dĂ©veloppe, en effet, des "capacitĂ©s asymĂ©triques", explique le chercheur. La CorĂ©e du Nord ne cherche pas Ă construire autant de sous-marins ou d'avions que les Etats-Unis mais dĂ©veloppe d'autres compĂ©tences, comme le nuclĂ©aire ou les cyber-capacitĂ©s. Antoine Bondaz, chercheurĂ franceinfo Si elle investit massivement dans le secteur â le chercheur BenoĂźt Hardy-Chartrand Ă©voque dans LibĂ©ration des "centaines de hackers" employĂ©s par le gouvernement â, "dire que le pays aurait des capacitĂ©s en termes de piratage Ă©quivalentes Ă celles de la Chine, des Etats-Unis ou de la Russie est complĂštement faux", prĂ©cise Antoine Bondaz. Kim Jong-un veut produire de l'emmental en CorĂ©e du Nord L'histoire. Le dictateur nord-corĂ©en a passĂ© une partie de son enfance dans un pensionnat suisse, d'oĂč il semble avoir gardĂ© un goĂ»t pour l'emmental. En avril 2014, La lettre A article payant rĂ©vĂšle que Kim Jong-un a requis les services de lâEcole nationale de lâindustrie laitiĂšre, dont le siĂšge est Ă Besançon Doubs, afin de former trois membres de son personnel aux techniques de fabrication du cĂ©lĂšbre fromage. La rĂ©alitĂ©. L'histoire est confirmĂ©e par le quotidien britannique The Independent en anglais, qui contacte la directrice de l'Ă©tablissement. "Câest vrai que nous avons Ă©tĂ© contactĂ©s par lâambassadeur nord-corĂ©en Ă Paris. Il voulait que nous formions les Nord-CorĂ©ens, mais, malheureusement, nous nâavons pas les capacitĂ©s de lâaider. Nous sommes une petite mais trĂšs bonne Ă©cole, avec des places limitĂ©es. Nous ne pouvons pas accueillir les Nord-CorĂ©ens", dĂ©clare-t-elle au journal. En 2011, l'ONU estimait en anglais que "six millions de personnes [avaient] besoin d'aide alimentaire" en CorĂ©e du Nord.
IKAtB.